J'aime beaucoup voir les potagers urbains. Outre les avantages en matière d'approvisionnement en légumes et fruits, le plaisir que cela procure à beaucoup de gens de s'occuper de leur parcelle, ça a aussi pour moi un intérêt esthétique, culturel. On y voit souvent des exemples d'art populaire, des aménagements étonnants et poétiques.
Je suis un homme qui plante des arbres. Il y a un vieux fond de Jean Giono chez moi. Aujourd'hui, je regarde des arbres que j'ai transplantés ou bien semés, qui font 10 ou 12 mètres et j'en suis très fier. Une habitation sans arbres, c'est une maison sans caractère. Il me faut des arbres partout, même dans ma cuisine ou mon salon, le long des chemins que je fréquente, dans les marécages comme sur les collines, ce qui ne signifie pas que je n'aime pas les déserts et les océans. Les arbres font partis de ma vie depuis ma plus tendre enfance où j'accompagnais mon Grand-Père Adonaï et mon père Armand. Mes premières classes furent en forêt, pas à l'école du village. On m'enseignait à reconnaître, nommer, sentir, regarder. Rapidement, j'ai pris le sens de la forêt. C'était une époque de haches et de godendarts juste avant l'arrivée des scies mécaniques. J'étais fasciné de voir les haches pénétrer dans le bois, les lames des godendarts pénétrer les troncs. (Godendart : scie longue qu'on manie à deux.) Ses souvenirs sont toujours aussi vifs à mon esprit. Ce qui a stimulé ma curiosité. Aujourd'hui, si je vois un jardin, il faut que je m'arrête, de même pour un grand champ de maïs, de blé ou d'avoine. Pourquoi je m'arrête ? Parce que tout simplement cela est la vie, nous sommes de la terre. J'aime m'arrêter l'été dans les marchés publics, pour acheter des légumes que je ne cultive pas et surtout pour échanger avec les maraîchers, et nous ne manquons pas de sujets de discussions. Partout où je suis allé dans le monde, je cherchais les marchés, se sont des endroits très riches en enseignements. Je vois encore ces énormes barils d'olives en Grèce, un plaisir pour l’œil mais aussi pour les saveurs. Savourer une olive sortant de l'huile, ce n'est pas comme manger une olive dans la saumure. Je pense à tout cela alors que mon regard se perd dans la neige que nous perdrons au cours des prochains jours, parce qu'on prévoit un maximum de +10 degrés demain et quatorze degrés vendredi, alors nous allons nous retrouver sur la terre. Lorsqu'on pense que la semaine dernière, il a fait moins vingt-six degrés. C'est cela qui est pénible au Québec, les différentiels de température. Ces situations ne sont pas exceptionnelles, si je me souviens des gros hiver avec beaucoup de neige, je n'ai pas oublié ces hivers sur la terre. Voilà les raisons pour les quelles nous partons nos plans à l'intérieur, parce que la saison d'été est courte. Il faut se méfier des gelées tardives fin mai et surtout dans la première semaine de juin, ce qui s'est produit printemps 2020. Résultat, la récolte de pommes aura été médiocre. La nature ne nous doit rien et nous les hommes nous devons tout à la nature. Ce que nous avons tendance à oublier.
RépondreSupprimerMerci
Richard St-Laurent
Ah oui, j'aime beaucoup votre texte aussi... c'est également un plaisir de lire les commentaires, parfois :-)
SupprimerPivoine. Qui aime aussi les marchés...
Les commentaires de Richard, c'est un peu comme un blog dans les blogs ;o)
SupprimerC'est moi qui vous dit merci, Richard, pour vos beaux textes.
RépondreSupprimerA Avioth, où je vais régulièrement (mais plus depuis quelques semaines, par méfiance pour le Covid), la récolte de pommes de cette année a été excellente. Je regrette de ne pas être là, pour déguster ces bonnes pommes, qui deviennent moelleuses sur les claies de bois, dans la (semi-) cave où on les a entreposées.